Jour 2 : De Reykjavik à Skógar, sous la neige

Dimanche 12 janvier

Par Odin, je suis vivant ! Et la voiture n’a rien (note du Morgan du 13 janvier à celui du 12 : « Te rejouis pas trop vite »). C’était loin d’être gagné !

Mais reprenons depuis le début.

Aujourd’hui, j’ai décidé d’aller vers l’est, jusqu’à Skógar (où j’ai réservé pour la nuit), puis Vik. La météo signale qu’une « iolent storm is expected », mais je n’y prête pas attention.

islande reykjavik vik

Je sors sans problème de Reykjavik, même si quelques rafales de vent me font craindre le pire… Et le pire arrive : quelques kilomètres plus loin, le vent et la neige rendent ma progression très difficile. A plusieurs reprises, je manque de perdre le contrôle et je pars deux fois en tête à queue.

Là, ça allait à peu près.

Là, ça allait à peu près.

Après 20 kilomètres à cette sauce, j’arrive sur un plateau bien plus calme. Mais l’apaisement est de courte durée, puisqu’il faut ensuite redescendre, et que la tempête reprend de plus belle. Par moment, la visibilité est nulle, je suis obligé de regarder le GPS pour repérer les virages et j’essaye de suivre les piquets placés au bord de la route. Si vous vous demandez : « pourquoi tu t’es pas simplement arrêté sur le bord de la route, espèce d’irresponsable », eh bien c’est tout simplement parce que 1- je ne voyais pas le rebord de la route et voulait pas me retrouver dans un fossé caché par la neige et 2- parce que si je m’étais arrêté, j’aurais sûrement été coincé là.

A Selfoss, je m’arrête me dégourdir les jambes. Le temps est meilleure, et la température apparemment clémente : -3°, indique mon tableau de bord. C’est sans compter sur le terrible vent du nord, qui me glace le sang.

L'église de Selfoss.

L’église de Selfoss.

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La ville est moche, mais est traversée par une jolie rivière. Là, elle donne pas envie de s'y baigner.

La ville est moche, mais est traversée par une jolie rivière. Là, elle donne pas envie de s’y baigner.

Vent et neiges m’accompagnent pour la suite du trajet, mais sans me mettre trop en danger. J’arrive même à passer la 4ème, youhou. Le paysage est splendide : j’ai l’impression d’être dans un autre pays, par rapport à ce que j’avais vu en 2012. Si l’été, l’Islande se compare à la Nouvelle-Zélande, là c’est le Groenland et la Sibérie qui me viennent à l’esprit !

Le tablier des mauvaises saisons,
Violemment, là-haut, est dénoué ;
Le tablier des maux est secoué
A coups de vent, sur les hameaux des horizons.
[La Neige, Emile Verhaeren]

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Le brouillard se lève, enfin.

Le brouillard se lève, enfin.

Je m’arrête à Seljalandsfoss, une cascade située une vingtaine de kilomètres avant Skogar. Elle est superbe, et un sentier permet même de passer derrière. J’ai déjà assez de la pluie pour me mouiller, mais je m’en approche quand même (sans faire le tour complet, ce qui m’aurait vraiment trempé).

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Ceci n'est pas un fourgon de transfert de prisonniers, mais un bus pour touristes.

Ceci n’est pas un fourgon de transfert de prisonniers, mais un bus pour touristes.

Ma maison rêvée : là, je pourrai écouter tout le métal noir que je voudrai, sans me soucier de mes voisins (que je salue au passage et que je remercie pour leur indulgence).

Ma maison rêvée : là, je pourrai écouter tout le métal noir que je voudrai, sans me soucier de mes voisins (que je salue au passage et que je remercie pour leur indulgence).

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A ce stade du récit, il est 14h30, je me dis que je vais pouvoir atteindre Vik, faire quelques photos et revenir à Skogar. Mais alors que je reprend la voiture, le vent redouble d’intensité. Il me devient impossible de dépasser les 30 km/h et plusieurs rafales, alors que je conduis, me font TRÈS peur.

Mais l’avantage de rouler si lentement – bien que je doive surveiller la route – c’est que je peux profiter des paysages qui s’offrent à moi, notamment ce bras de mer entièrement gêlé.

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Arrivé à Skogar – en un seul morceau (j’ai croisé une seule voiture en 20 kilomètres, ça va) – j’abandonne l’idée d’aller plus loin. Trop dangereux, et même si j’arrivais à Vik, hors de question que je sorte de la voiture par ce temps.

Je m’arrête devant Skogafoss, la fameuse cascade qui attire des milliers de touristes l’été. J’avais planté là ma tente pour une nuit, au milieu de plein de gens, dans une joyeuse agitation. J’étais allé boire des bières et manger un burger avec un couple de Suédois rencontrés dans la montagne.

Là, il n’y a pas un chat. Le vent dépasse les 100km/h et le terrain de camping est recouvert de glace. J’ai l’impression d’être dans un film ; un héros qui redécouvre un endroit qu’il aimait après qu’une catastrophe se soit abattue sur la Terre. Un âge glaciaire ou un hiver nucléaire.

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Heureusement, du chauffage et du thé m’attendent pas loin, à la Skogar Guesthouse. Je suis le seul qui y arrivera ce soir : trois autres personnes ont appelé pour dire qu’elles ne pourraient pas venir. Deux Malaysiennes qui sont là depuis 2 jours me disent qu’il est impossible d’aller plus à l’est (et donc que Vik est inaccessible), et la maîtresse des lieux voit sur Internet que la route entre Reykjavik et Selfoss est également coupée. Nous sommes donc coincés là pour la nuit, et la propriétaire nous propose de nous faire le dîner.

Malgré la situation, c’est donc une très bonne soirée : nous mangeons tous ensemble autour de la table un énorme agneau, cuisiné à l’islandaise.

C’est l’occasion de faire connaissance avec les maîtres des lieux : Sigríður, trésorière d’un parti politique à Reykjavik, et Guðjón, ancien capitaine d’un bâteau de pêche. Cette maison était leur résidence secondaire, qu’ils ont transformé en guesthouse en septembre dernier. Ils pensaient simplement arrondir leurs fins de mois, mais ont finalement affiché complet depuis ! Plusieurs Islandais m’ont d’ailleurs fait part de leur étonnemment quant au nombre de touristes cet hiver, bien plus élevé qu’à l’accoutumée.

Dommage, la météo m’empêche de profiter de la source chaude, dans le jardin. Il paraît qu’elle est parfaite pour admirer les aurores boréales (tu m’étonnes !). Ca sera pour une prochaine fois, car j’ai beaucoup aimé cet endroit, et je comptes bien y revenir lors de mon prochain voyage. D’autant que les prix sont très bas pour l’Islande : 42€ la nuit, petit déjeuner inclus. A ne pas confondre avec le Skogar Hotel, en face, où la chambre coûte au minimum trois fois plus cher.

Pour conclure en musique, voici la vidéo d’un de leurs enfants, tournée dans les splendides paysages islandais :

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